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VIII

LE GUIDON DE ROYAL-DAUPHIN


Dès l’aurore, on entendit retentir les clairons et battre les tambours. Le régiment de la Couronne, en garnison à Strasbourg depuis un an, quittait la ville. Les plus endormis se réveillèrent pour saluer au moins du regard à travers les vitres les cavaliers qui s’éloignaient. Tous les galopins de la ville les escortèrent sur la route de Colmar, puis ils revinrent et se postèrent sur les glacis qui dominent la route de Paris pour guetter l’arrivée du Royal-Dauphin, le régiment qui allait remplacer l’autre.

Vers midi, par un brillant soleil, un nuage de poussière annonça l’avant-garde. Bientôt les armes étincelantes apparurent, on entendit le pas des chevaux, et le Royal-Dauphin fit son entrée en ville, salué par le canon de la citadelle et le carillon des cloches. Toutes les belles dames de Strasbourg s’étaient mises aux fenêtres, et l’hôtel de Haütern était orné des visages vermeils d’Itha et de Thécla et des faces rubicondes de leurs heureux fiancés.

Un jeune guidon de bonne mine, qui montait un cheval noir, leva les yeux vers l’hôtel et sembla chercher quelque visage connu parmi ceux de la famille de la baronne. Il parut fort désappointé, n’éloigna la tête basse, et, aussitôt que les exigences du service le lui permirent, s’échappa du quartier et courut à la Visitation.

« Dites, je vous prie, ma sœur, à madame la supérieure que son petit-neveu, Robert de Leyen, l’attend au parloir et désire lui présenter ses respects. »

La bonne sœur alla prévenir la mère Marie-Louise de Leyen, et revint bientôt dire au jeune officier que sa tante viendrait au parloir aussitôt qu’elle aurait fini une conférence qu’elle donnait à une jeune demoiselle.