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– Oui, si elle est vraie ; mais qui me prouve que vous ne me faites pas un conte ?

– Vous êtes méfiant, Monsieur. Eh. bien, allez chez Me Zimmermann. Parlez-lui du testament du baron Braünn en homme qui le connaît, et si vous vous y prenez bien, il vous confirmera mes dires d’une façon ou d’une autre. Lisez ceci, mais d’abord promettez-moi que, si vous acquérez la preuve que j’ai dit vrai, vous me donnerez dix louis.

– Je vous le promets, foi de gentilhomme, » dit Malignac en étendant la main.

Le clerc lui remit alors un papier assez fané, mais où se lisaient fort distinctement les clauses du testament du baron. Malignac les lut avidement.

« Mais, dit-il, la fin n’y est pas. Voici une phrase inachevée... « Et, sans vouloir forcer le consentement de Mlle Sabine, je lui conseille d’accepter pour mari celui qui lui présentera la bague que... » Pourquoi vous être arrêté là ?

– Hé ! Monsieur, il ne faisait pas chaud dans le cabinet du baron ; j’éternuai par malheur, et le notaire s’écria : « On nous écoute ! » Il se leva, mais avant que sa grosse personne eût réussi à gagner la porte du cabinet, je m’étais sauvé dans l’antichambre et de là au jardin. Un quart d’heure après un laquais vint m’y chercher de la part de mon patron, qui me gronda bien fort d’avoir quitté mon poste. »

Le marquis questionna encore le clerc. Il tourna, retourna en tous sens son récit, relut vingt fois la copie et demeura convaincu que le clerc disait vrai. Il résolut d’aller consulter Mme l’intendante, et donnant encore un louis à Jack, lui promit de revenir à l’Aigle-d’Or le soir même, à neuf heures. Puis, vidant encore un verre de punch, les deux estimables personnages se séparèrent fort bons amis.

De la taverne de l’Aigle-d’Or le marquis se rendit à l’intendance, et sollicita l’honneur d’être introduit près de Mme la comtesse. Elle était à sa toilette, Lisette la coiffait pour le souper. Cette opération durait deux petites heures, pendant lesquelles madame recevait quelques intimes. Ce jour-là elle s’amusait beaucoup avec un petit chevalier et un petit secrétaire de M. l’intendant, bel esprit et faiseur de chansons. L’intendante s’amusait à passer en revue les divers