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belles, assez sottes, dit le clerc, mais elles ont chez elles la perle de Strasbourg. C’est une jeune orpheline, nommée Sabine Lichtlin, belle comme le jour, que l’on croit très pauvre, et qui aura un million de dot. Mais personne ne le sait que moi.

– Tu fais des contes de ta couleur, domino bleu, dit l’If.

– Je dis l’exacte vérité. Je sais tout, reprit le domino. Tant pis pour toi, Verdure, si tu ne veux pas me croire.

– Mais, reprit l’If, oserais-tu me répéter ton histoire demain, au grand jour ?

– Certainement ; trouve-toi demain à la taverne de l’Aigle-d’Or, à trois heures. Demande à l’hôte le diablotin, et, si tu te conduis bien, tu apprendras des choses fort intéressantes. »

Le souper fut servi. On dansa encore un peu, puis les rangs des invités commencèrent à s’éclaircir, les salons se vidèrent, et les bougies expirantes n’éclairèrent bientôt plus que des parquets poudreux, des meubles en désordre et les visages fatigués de valets qui vinrent éteindre les lustres aux premières lueurs de l’aurore.


IV

À L’AIGLE-D’OR


À trois heures, le lendemain, tandis que plus d’une belle dame dormait encore, Jack, qui avait une course à faire pour son patron, en chargea un galopin de ses amis, et se rendit à l’Aigle-d’Or. L’hôte était sur sa porte, en tablier vert.

« Arrivez donc, diablotin, lui dit-il, il y a là-haut un gentilhomme qui veut vous parler. »

Jack, en effronté gamin qu’il était, fut ravi de l’aventure et résolut de payer d’audace. Il mit son chapeau sur l’oreille,