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I

PRÉPARATIFS DE FÊTE


À Mme Henriette Lichtlin.



Toute la ville était en émoi, Mme l’intendante allait donner un bal masqué. C’était la première fois que chose pareille se préparait à Strasbourg, et les gens raisonnables hochaient la tête et disaient que l’on ne compterait pas une telle folie parmi les avantages de la domination française. Mme l’intendante eut quelque peine à décider certaines dames à venir à son bal. L’une d’elles surtout, veuve d’un des premiers magistrats de la ville, la baronne de Haütern, avait d’abord refusé l’invitation. Mme l’intendante lui fit une visite, puis deux, et, enfin, l’ayant prise à part, lui dit tout bas : « J’ai préparé des mariages pour vos filles, il faut qu’elles viennent ; leurs grâces achèveront de décider les deux charmants officiers que je destine à devenir vos gendres. Ce sont de parfaits gentilshommes, riches, jeunes, aimables, des maris faits à plaisir pour Mlles Itha et Thécla. Faites-les belles : c’est chose aisée. »

La baronne, dont les filles, quoique fort bien dotées et assez bien faites, avaient déjà mis quelques épingles au bonnet de sainte Catherine, se décida, et commanda pour Itha et Thécla les plus jolis accoutrements de bergère qu’elle