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un homme l’attendait dans la pièce voisine. C’était le comte Henri, qui, dans son impatience, avait devancé ses gens et venait d’arriver à franc étrier. Elle s’élança dans ses bras ; mais à peine lui eut-il dit : « Où est ma sœur ? » qu’elle fondit en larmes et lui raconta l’étrange maladie de Diane.

Le comte Henri, fort affligé, lui dit : « La joie de me revoir la guérira, j’espère », et prenant ses deux enfants par la main, il alla s’asseoir près du lit de Diane.

Celle-ci ouvrit les yeux et jeta un cri : « Encore toi ! dit-elle. Âme chérie de mon frère, que veux-tu ?

– Je ne suis pas une âme, dit le comte, mais bien vivant. La campagne est finie, et je reviens, grâce à Dieu, sans blessures. Embrassez-moi, chère petite sœur ! »

Elle lui jeta ses bras autour du cou et pleura longtemps, sans pouvoir dire un seul mot.


Sa convalescence fut longue, ses rêves de la nuit lui retraçaient la vision ; elle croyait toujours entendre frapper sur la boiserie et voir entrer les fantômes dans la chambre violette. Elle pria sa sœur de la faire transporter dans un autre appartement. Peu à peu ses forces lui revinrent, et elle confessa sa faute au bon curé de Lussault. Celui-ci se fit remettre par elle le livre magique et la clef de la chambre de l’astrologue, et, les donnant au comte, l’engagea fortement à brûler tout ce que contenait ce lieu maudit, et à ne jamais questionner sa sœur sur la cause de sa maladie.

Dès que Diane put marcher, Henri lui proposa d’aller à la chapelle. Appuyée sur le bras de son frère et sur celui de la comtesse, la jeune et pâle convalescente sortit de sa nouvelle chambre et entra dans la galerie qui conduisait à la tribune seigneuriale. Cette galerie, ornée de panoplies et de portraits de famille, était alors éclairée par un beau soleil. Les yeux de Diane se fixèrent sur un portrait, et elle s’écria :

« C’est lui que j’ai vu !

– Vous l’aviez donc déjà remarqué, ma sœur ? dit Marguerite. N’est-ce pas qu’il ressemble étonnamment à mon mari ? »

Diane chancelait, son frère la fit asseoir en face du por-