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que nous voudrions donner. Chercher l’absolu en soi et non hors de soi, dans l’expérience la plus intime, la plus profonde et la plus personnelle, mais un absolu dont nous ne faisons que participer, qui du moins fonde notre existence même dans une communication toujours nouvelle avec tous les êtres par l’intermédiaire de toutes les choses ; relever la dignité d’une psychologie qu’une certaine science et qu’une certaine métaphysique nous ont également appris à mépriser ; ne point rejeter l’intelligence comme on est tenté de le faire, quand son rôle est de nous révéler les maux dont nous souffrons, mais non pas de les produire ; ne se confier à l’émotion que quand elle s’est purifiée dans la lumière de la pensée : telles sont les exigences de la pensée française auxquelles nous voulons demeurer fidèle. Ce n’est point en évitant le contact avec l’absolu, mais en essayant de le retrouver dans chacune des démarches de notre vie, que nous donnerons à celle-ci sa véritable signification, qui doit nous rendre capable de mesurer son poids et d’accepter de le porter.