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réduit à l’inertie pure, il ne lui laisse de rapport qu’avec son propre corps par lequel, il est vrai, il peut agir sur lui de manière à en faire un instrument qui le prolonge et multiplie indéfiniment sa puissance ; le monde matériel alors n’a de sens que pour que nous puissions le conquérir et nous en servir. Tel est le point où Descartes encore s’était arrêté. Mais il y a une troisième attitude qui change nos rapports avec ce monde : c’est celle qui, le confrontant sans cesse avec chaque conscience, trouve en lui non pas seulement le point d’application de son activité, mais le moyen pour elle de porter témoignage aux yeux de toutes : en ne cessant jamais de les séparer, il leur permet pourtant de communiquer entre elles à la fois par l’expérience qu’elles en ont et qui est comme une médiation entre leurs pensées, et par les modifications qu’elles lui impriment et qui sont comme autant de médiations entre leurs volontés.

En prenant les choses sous cet aspect, on s’aperçoit qu’il est impossible d’épuiser la