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pour devenir unis, non point dans une unité inerte qui abolit nos différences, mais dans une unité active qui les produit, en les obligeant à coopérer et à se soutenir. Une telle rencontre entre deux esprits, c’est la découverte de leur double participation à l’esprit pur avec lequel ils ne coïncident point, pas plus qu’ils ne coïncident l’un avec l’autre, mais qui ne cesse de leur fournir, avec la lumière qui les éclaire, la liberté dont ls disposent et dont ils peuvent user tantôt pour surmonter la séparation et tantôt pour l’aggraver. De telle sorte que les lois du monde spirituel, sans pouvoir jamais être violées, fournissent à notre liberté les conditions de son exercice, tout comme les lois du monde matériel fournissent à nos besoins les moyens de se satisfaire et que, dans ces deux mondes, il n’y a rien qui puisse nous être donné et qui ne soit en rapport avec un acte qui dépend de nous seul, mais où la totalité du réel se trouve toujours engagée.

C’est alors seulement que nous avons le droit de revenir vers les choses matérielles et