Page:Lavelle - Leçon inaugurale faite au Collège de France, 1942.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

science comme dans une cellule et qui refuse tout ce qui le déborde, ou ce moi plein d’ambition et d’orgueil qui prétend tirer de lui-même la totalité de l’univers représenté. C’est le moi vivant dont il s’agit de scruter la complexité et les exigences, qui a le sentiment à la fois de son initiative et de sa dépendance, qui fonde son existence non point en se séparant de l’univers, mais en communiquant avec lui, qui est toujours à la fois donnant et recevant, qui appelle enfin toutes les autres existences pour le soutenir. La philosophie pourrait donc être justement nommée, si le mot de science pouvait lui convenir encore, la science de la conscience par opposition à toutes les sciences qui portent sur des objets. Seulement la conscience, loin d’être une fermeture du moi sur lui-même est cette ouverture du moi sur le tout sans laquelle le moi ne serait rien.

Mais d’où vient le privilège de la conscience par rapport à tous les objets auxquels elle s’applique, alors que tous les objets paraissent avoir une sorte de subsistance qui permet de les montrer et de les saisir, au lieu que la