Page:Lavelle - Leçon inaugurale faite au Collège de France, 1942.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de toutes les apparences qui suffisent à la vie du corps, elle ne nous donne pas un contact avec l’absolu, soit qu’elle prétende nous le faire connaître ou seulement nous le faire pressentir, ou, ce qui vaut mieux encore, lui assujettir notre pensée et notre action, alors elle est un objet de vaine curiosité, un jeu de notre pensée qui ne vaut pas une heure de peine. Mais aussitôt le doute commence : car cet absolu vers lequel tendent toutes nos aspirations n’est-il pas hors d’atteinte, et si nous l’atteignons, ne va-t-il pas nous décevoir ? En nous, hors de nous, nous ne trouvons que des choses relatives : ce sont elles qui forment le champ de notre connaissance et de notre conduite. Et si nous les abandonnions au profit de cet absolu dont on nous parle, notre vie ne serait-elle pas arrêtée et comme bloquée dans une sorte de perfection immobile qui ne se distinguerait plus pour nous de l’anéantissement ? Nous voulons que notre vie subsiste et même que toutes ses puissances se multiplient et se fortifient, et nous voulons en même temps être assurés qu’elles tiennent à l’absolu