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seul homme qui cherche à accroître la conscience qu’il a de lui-même et de l’univers. Les philosophies des autres peuples sont des ferments qui éveillent en nous des puissances cachées. L’histoire nous apporte non point des idées mortes, mais des idées qui se sont peu à peu obscurcies et qui, dès qu’elles se montrent de nouveau à la lumière, ressemblent à une révélation. Mais la philosophie est toujours actuelle et personnelle : il n’y a de philosophie que d’aujourd’hui, celle que je puis maintenant penser et vivre. La philosophie la plus ancienne, dès qu’un esprit s’en empare, recommence une autre carrière comme s’il l’avait lui-même créée. Elle traduit ce qu’il y a en nous d’intime, d’unique et presque d’ineffable : et nous savons que ce secret qui nous est propre est aussi le secret de tous. Elle est universelle comme la science, non point de cette universalité manifestée, dont la présence de l’objet est pour ainsi dire le gage, mais de cette universalité invisible à laquelle chacun accède selon la pureté de son attention intérieure ; elle est l’objet d’une méditation soli-