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ment, jusqu’à la liberté qui suppose la vie et lui donne sa raison d’être. Mais la liberté elle-même, qui est la cause de ce que nous sommes, nous laisserait enfermé dans les limites de la nature si elle n’était pas une union actuelle avec cette opération infinie par laquelle le monde se fait en nous permettant de nous faire.

On voit assez bien maintenant comment Henri Bergson et M. Édouard Le Roy se trouvent au point d’arrivée d’une lignée de penseurs d’inspiration spécifiquement française et pour lesquels la vérité ne peut être découverte que par une réflexion de la conscience sur elle-même, dans une analyse de ses propres rapports avec tout ce qui est, dans une sorte d’incessante communication entre une nature qui nous donne la vie, mais nous assujettit à ses fins, et une liberté qui est la marque de notre indépendance et comme la touche de l’esprit pur.

La philosophie pourtant est l’œuvre commune de tous les hommes qui, à travers les différences de temps et de lieu, sont comme un