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sante confrontation en nous de l’activité et de la passivité. Mais si la passivité vient du corps et appartient encore à notre expérience psychophysiologique, l’activité, c’est-à-dire la volonté, vient elle-même de plus haut. C’est nous seul qui en disposons : et c’est au point où elle s’introduit que nous pouvons véritablement dire je ou moi. Et pourtant cette activité laborieuse, toujours vouée à l’effort et souvent à l’échec, appelle une passivité nouvelle qui nous en délivre et qui l’achève. Celle-ci est de sens opposé à la passivité du corps, elle est comparable à l’inspiration et à la grâce. Et dans son exercice le plus parfait, la liberté ne peut que la reconnaître et lui être docile.

Parmi les philosophes d’hier, il suffit d’évoquer les noms de Ravaisson et de Lachelier pour retrouver la même atmosphère : l’un et l’autre ont peu écrit, bien que leur influence ait été grande ; mais elle a été un effet de la direction de leur pensée plutôt encore que de leur doctrine. Ravaisson est un chaînon entre Biran d’une part, Lachelier et Bergson de l’autre. Ce qu’il essaie d’atteindre au fond de