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avec l’absolu et la métaphysique, une psychométaphysique.

On le voit bien quand on examine les philosophes les plus représentatifs de notre pays depuis Descartes. Que nous nous soyons reconnus en lui depuis trois siècles, malgré quelques éclipses, que l’on tente de s’en prendre à lui aujourd’hui comme si la France voulait s’en prendre à elle-même de ses propres malheurs, c’est le signe sans doute qu’il y a dans sa doctrine une expression profonde des besoins de notre esprit, qui sont les besoins même de l’esprit humain, à condition qu’on ne se risque à aucune interprétation qui la défigure. La gloire de Descartes, c’est d’avoir retrouvé à jamais cette expérience de l’intériorité, qui est sans doute l’expérience du moi par lui-même, mais d’un moi qui, en s’identifiant avec la pensée, exige de lui-même qu’il s’élargisse au delà de l’opinion, au delà de l’amour-propre, jusqu’à la mesure d’une vérité qui est la même pour tous. Le célèbre « je pense », dont on a tant abusé et tant médit, ne se soutient que par son rapport avec une pensée