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trice qui serait alors le grand livre d’Henri Bergson et on peut penser qu’il n’a point encore achevé de nous livrer tout son secret.


La pensée de M. Édouard Le Roy et celle d’Henri Bergson peuvent être considérées comme exprimant les caractères essentiels de la philosophie française telle qu’elle s’est constituée à l’époque de Descartes, telle qu’elle s’est développée ensuite avec une admirable continuité à travers la diversité des tempéraments individuels. À ces caractères, tout penseur de notre pays doit demeurer fidèle sous peine de n’y trouver qu’une audience incertaine et momentanée. Nous dirons donc que toute philosophie française est d’abord une philosophie de la conscience : elle prête peu de crédit à l’inconscient ou le relègue dans les parties basses de notre nature que le propre de la conscience est précisément de pénétrer et d’éclairer. Elle ne renonce pas aisément aux idées claires et distinctes, non pas qu’elle