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Mon cœur qui leur ressemble alors aime l’éveil
Des toiles doucement battantes au soleil
Et ce frémissement imperceptible d’ailes,
Prélude des longs vols où l’air se renouvelle.
Car, sitôt que le vent touche les yachts, l’effort
Des cordes geint, l’avant effilé de l’eau sort
Et soudain c’est l’essor des coques inclinées
Dans l’ornière mouvante qu’elles ont tracée :
Blanche fuite qui penche et met sur le ciel cru,
Selon le vent, des accents graves ou pointus. —

Mon cœur qui leur ressemble aime d’une terrasse
Suivre le jeu mystérieux des yachts fugaces
Qui sont prompts à saisir chaque souffle du vent,
Si sensibles aussi en course que, souvent,
On les voit, pour un coup de barre malhabile,
En plein vol fermer l’aile et rester immobiles.

Mon cœur qui leur ressemble, ému des moindres mots,
Aime suivre ces jeux troublants de blancs bateaux.