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Guidé par le clair jour qui débordait du ciel,
Amour ! tu m’es venu par cette enfant trop blonde !
Comme l’on mord un fruit afin que sa chair fonde,
Pour goûter sa douceur de suc frais, j’ai mordu
Sa bouche nue et ses yeux d’eau je les ai bus.
Des aisselles moussues jusqu’à ses hanches pleines
J’ai pillé le verger de son corps ferme et tiède ;
Frémissant et tremblant de perdre mon butin
J’ai cueilli, les broyant, les lys dressés des seins.

Et je n’ai conservé, Amour, de ton passage
Ni de peine en mon cœur, ni de pleurs sur ma face,
Mais au creux de mes mains que j’aime encor flairer
Le parfum de la fièvre et l’odeur du baiser.