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Des routes, cependant, près du hameau circulent,
— Âpres vœux, désirs secrets, passions qui brûlent —
Des routes qui ne sont d’abord que des chemins,
À travers les sous bois, ou des sentiers bénins
Vers la fontaine ou les granges et qui s’attardent,
Cachés, lents, hésitants et puis soudain regardent,
À de brusques détours, le village étendu,
Comme pour retourner à quelque être perdu.
Sur la crête des collines, ils s’élargissent ;
On les voit, devenus des routes, qui se glissent
Dans la vallée, au bord des eaux, en haut d’un mont,
Pareils à des bras blancs noués sur quelque front,
Puis tout à coup tendus, larges et rectilignes,
Vers les villes où les lumières leur font signe !

 
Ah ! ces routes, la nuit, quand le village est clos,
Elles rôdent près des fermes, près des enclos,
Leurs carrefours, baignés par la lune, paraissent
De maléfiques mains expertes aux caresses
Pour quoi tel qui vivait heureux dans le hameau
A déserté le nid et quitté le troupeau.
Or, en nous, nous portons de ces villes tragiques