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Tout en jouant cette scène, Cabieu ne perdait pas de vue les Anglais. Ceux-ci paraissaient consternés.

— Eh bien ! s’écria de nouveau le rusé sergent, il me semble qu’on a murmuré dans les rangs ! Auriez-vous la sottise de regretter le départ de cet homme ? Sachez-le : ce n’est pas le nombre qui fait la force d’une armée, c’est la discipline. D’ailleurs n’êtes-vous pas assez nombreux pour mettre en fuite trois fois plus d’ennemis qu’il n’y en a là à combattre ?… Allons ! arme bras !… Que personne ne tire avant le commandement. Les garde-côtes d’Ouistreham et de Colleville sont avertis. Ils vont venir. Attendons-les. Nous prendrons l’ennemi entre deux feux. Pas un Anglais ne remettra le pied sur l’escadre !

En disant cela, il ajusta l’officier qui avait fait quelques pas dans la direction de la haie. Il lâcha la détente ; le buisson s’enflamma et, quand la fumée se fut dissipée, Cabieu aperçut sa victime qui se débattait sur le sable de la dune.

Les Anglais firent un feu de peloton sur la ligne des saules. Les balles sifflèrent aux oreilles de Cabieu et cassèrent des branches autour de lui.