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— Nom d’un tonnerre ! s’écria-t-il, ne tirez pas ! ne tirez pas ! Je vous le défends !

Les Anglais dressaient l’oreille et cherchaient dans l’ombre à apercevoir leur ennemi.

Cabieu fit résonner la batterie de son fusil.

— Sacrebleu ! fit-il d’un ton furieux, n’armez pas, caporal ; j’ai défendu de tirer.

Et, changeant de voix :

— Capitaine, reprit-il, il faut en finir avec ces gueux d’habits rouges. Si nous faisons feu, il n’en échappera pas un.

— Silence ! répondit Cabieu. Obéissez à la consigne.

— Capitaine, continua-t-il sur un autre ton, mes hommes sont impatients. Ils ne veulent plus rester au port d’armes.

— Gredin ! s’écria Cabieu, ce sont les mauvais chefs qui font les mauvais soldats.

Et, comme s’il eût parlé au reste de sa troupe imaginaire :

— Qu’on emmène cet homme ! dit-il avec colère. Il n’est pas digne de se mesurer avec l’ennemi. Qu’on le conduise en prison.

Il se leva, marcha avec bruit et frappa plusieurs fois la terre de la crosse de son fusil, comme pour faire croire à une lutte.