Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III


Le soldat regarda avec tristesse son frère qui s’éloignait. Il pensait qu’il ne le reverrait plus.

Mais le sergent des garde-côtes avait plus de confiance que cela dans la réussite de son entreprise. Il marchait sur l’ennemi avec la certitude de le mettre en fuite. Il ne craignait pas d’être aperçu. La nuit était si profonde qu’il entendait déjà les Anglais sans les voir.

Cabieu quitta la dune et se jeta dans la campagne. Il voulait tourner les Anglais et revenir sur eux à l’improviste, en s’abritant derrière une haie de saules qui poussaient dans le voisinage de la rivière. La connaissance qu’il avait du pays le servit autant que son audace.

Le garde-côte s’accroupit derrière un buisson, à dix pas de l’ennemi. Il coula le canon de sa carabine entre les feuilles, ajusta le groupe et resta en observation.

Les Anglais parlaient entre eux avec animation. Les uns tendaient la main du côté de la mer, comme s’ils eussent donné l’avis de se rem-