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— Nous n’aurons pas autant de fusils.

— Tu hésites ? N’en parlons plus… J’entends du bruit sur la dune. Ils approchent. Voici le moment de les arrêter. Adieu !

Cabieu s’éloigna. Son frère courut après lui.

— Michel, dit le soldat d’un air triste, tu pars sans moi ? Tu me méprises donc bien ?

— Je savais que tu me suivrais, répondit Cabieu en riant. Je n’ai pris les devants que pour t’empêcher de faire des phrases. Tu as le malheur d’être bavard. Ce soir, il faut se taire et agir.

— Bon ! Donne-moi une arme.

— Je n’ai que mon fusil.

— En ce cas, j’ai bien peur, si je ne laisse pas mes os sur la dune, de retourner sur l’escadre anglaise. Avec quoi veux-tu que je me batte ? Avec les poings ?

— Avec cela, dit Cabieu.

Sans s’arrêter, il prit le tambour qu’il portait sur l’épaule et le suspendit au cou de son frère. Celui-ci reçut les baguettes en hochant la tête.

— J’espère bien, dit-il, que nous ne nous servirons pas de ce tambour ?

— Pardon.