Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et ton fils ! s’écria Madeleine en cherchant à retenir son mari avec cette dernière prière. Il est si jeune. Si tu ne reviens pas, il n’aura pas connu son père.

— Tu lui diras plus tard pourquoi je ne suis pas revenu ; et il apprendra à me connaître, s’il a du cœur… Adieu, Madeleine, adieu !

Et l’on n’entendit plus dans la nuit que les sanglots de la femme et le bruit des pas de Cabieu qui s’éloignait.



II


À quelque distance de sa maison, Cabieu sauta dans le creux d’un fossé qui séparait les dunes de la campagne. Il espérait ainsi échapper aux regards de l’ennemi. Après avoir couru quelques minutes, il arriva au bord d’un chemin qui conduisait à la mer. Tout à coup un homme se présenta devant lui. Le sergent épaula sa carabine et coucha en joue l’inconnu.

— Arrête ! lui cria-t-il, ou tu es mort !

L’homme s’arrêta au milieu de la route, et Cabieu marcha à sa rencontre.