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vices qu’ils rendent dans les ménages. Il avait appartenu autrefois au fameux corsaire Thurot, qui l’avait trouvé à bord d’un navire anglais auquel il avait donné la chasse. En changeant de maître, il avait changé de nom. On l’appelait Pitt, en haine du ministre anglais qui avait fait le plus de mal à la marine française.

— Paix ! monsieur Pitt ! paix ! répétait la femme de Cabieu en frappant amicalement sur la tête du chien.

Mais celui-ci, comme son illustre homonyme, ne rêvait que la guerre. Il n’était pas brave cependant, car il s’était blotti, en tremblant, contre le bas de la fenêtre. Mais, comme les peureux qui se sentent appuyés, il éleva la voix, allongea le cou dans la direction de la mer et fit entendre un grognement menaçant.

— Il faut pourtant qu’il y ait quelque chose, pensa la mère.

Elle se pencha et regarda dans la nuit. Mais elle ne put rien apercevoir sur les dunes. À peine distinguait-on, sur ce fond obscur, l’ombre plus noire des buissons de tamaris agités par le vent. Au-dessus des dunes, une bande moins sombre laissait deviner le ciel. La femme de Cabieu crut même apercevoir une étoile. Puis l’astre se dé-