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C’est vous qui nous avez protégés contre la fureur du peuple ? vous qui nous avez prudemment conseillé de prendre la fuite ?

— C’est cela même, répondit Barbare.

— Soyez béni, monsieur ! s’écria le domestique avec une profonde émotion.

Puis il ajouta tristement :

— Vous m’avez sauvé deux fois la vie. Je voudrais pouvoir vous récompenser comme vous le méritez ; mais, hélas ! je suis sans ressources.

— Les dettes du cœur se payent avec le cœur, dit Barbare avec fierté.

— Vous nous aimez donc bien ? demanda Dominique.

— Moi ! s’écria le jeune homme avec enthousiasme… Je n’ai vu mademoiselle Marguerite qu’une seule fois, et, ce jour-là, j’ai risqué ma vie pour elle… Eh bien ! si le plaisir de la revoir devait m’exposer au même péril, je n’hésiterais pas à braver de nouveau la mort.

— Oh ! pensa Dominique, le jeune homme est amoureux de ma petite maîtresse !

Enchanté de sa pénétration, le bon domestique résolut d’employer le dévouement de Barbare au service de ses maîtres. Pour y arriver, il lui sembla prudent de l’entretenir dans son erreur