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lui… Il ne faut pas de bouche inutile… Je ne rentrerai pas !

A ces mots, l’héroïque serviteur s’enfonça dans un petit chemin ombragé qui conduisait aux prairies voisines. A mesure qu’il avançait, il entendait plus distinctement le bruit de la rivière qui tombait avec fracas du haut d’un déversoir. Au bout de quelques minutes, il arriva au bord de l’eau.

Le courant était rapide et charriait des flots d’écume.

Le vieillard suivit le bord de la rivière et s’éloigna de cette scène tumultueuse, comme s’il eût voulu chercher des eaux plus calmes. Lorsqu’il se crut à une assez grande distance de la ville, il s’arrêta dans un site sauvage et s’agenouilla près d’un saule, au pied duquel la rivière s’était creusé un bassin paisible et profond. Il pria longtemps avec ferveur, se redressa lentement, et, levant les yeux au ciel :

— Mon Dieu, dit-il, pardonnez-moi !

Il s’élança.

Au même instant, deux bras vigoureux l’enveloppèrent comme dans un cercle de fer.

Le vieillard poussa un cri et tomba sans connaissance sur le gazon. Lorsqu’il revint à lui, il