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sur la table, la République ne connaît pas de maîtres ! Cet homme est fou… Qu’on le fasse sortir.

Aussitôt deux huissiers s’approchèrent du vieillard. Ils le prirent chacun par un bras, et, malgré ses cris, malgré sa résistance, ils le poussèrent à la porte au milieu des vociférations et des huées de la foule.

— Je suis fou !… Ils ont dit que je suis fou ! répétait le domestique en descendant les marches du grand escalier de l’Hôtel-de-Ville.

Il traversa la place presque en courant, et se jeta au hasard dans la première rue qui se trouva devant lui. En ce moment, le pauvre homme semblait donner raison à ceux qui l’avaient jugé si défavorablement. Il allait en trébuchant le long des maisons, comme un homme ivre, et s’arrêtait de temps à autre pour s’écrier, en battant l’air de ses bras :

— Plus d’espoir ! Mes maîtres sont perdus !… Que faire ? Comment me représenter devant eux ?

Alors il se mit à courir.

Il se trouva tout à coup dans la campagne ; et ce fut alors qu’il songea à regarder autour de lui. L’habitude a sur nos actions une telle