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rose à moitié flétrie. Ailleurs, des mères de famille donnaient fièrement la main à de jolies petites filles, blondes têtes, doux visages, beautés de l’avenir, dont on avait caché les grâces naissantes sous un costume grec du plus mauvais goût. Et partout de la gaieté, des hymnes, des chansons ! A chaque fenêtre, des yeux tout grands ouverts ; à chaque porte, des mains prêtes à applaudir.

C’est que, depuis longtemps, on n’avait eu pareille occasion de se réjouir. La municipalité de Bayeux venait de recevoir trois pierres de la Bastille, sur lesquelles on avait fait graver les droits de l’homme ; et l’on devait profiter de cette circonstance pour inaugurer les bustes de Marat, de Le Pelletier et de Brutus.

Tandis que la foule encombrait les abords de l’hôtel de ville et préludait à la fête officielle par des cris de joie et des chants patriotiques, une petite maison, perdue dans un des faubourgs les plus retirés de la ville, semblait protester, par son air paisible, contre cette bruyante manifestation populaire.

Les fenêtres en étaient fermées, comme dans un jour de deuil. De quelque côté que l’œil se tournât, il n’apercevait nulle part les brillantes