Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Et moi aussi ! dit Marguerite avec fermeté ; car je ne me séparerai jamais de mon père.

A ces mots, la noble fille se jeta dans les bras du marquis, et il se fit dans la chambre un si grand silence qu’on n’entendait guère que le bruit des sanglots que chacun cherchait à étouffer.

Tout à coup le vieux Dominique sortit de son immobilité. Il s’essuya les yeux du revers de la main et s’approcha respectueusement du fauteuil du marquis. Son front avait quelque chose d’inspiré, et sa physionomie vulgaire avait le rayonnement qu’on admire dans une tête de génie.

Chacun, en effet, peut avoir ici-bas ses jours de triomphe. Quelquefois les esprits les moins délicats trouvent l’occasion de s’élever, sur les ailes du dévouement, jusqu’à ces hauteurs sublimes où planent les intelligences supérieures. S’il y a une couronne sur le front des poëtes, il y a une auréole sur celui des hommes simples, dont le sacrifice est sans éclat et la mort sans gloire.

— Monsieur le marquis ?… dit timidement le vieux domestique.

— Que me veux-tu, mon bon Dominique ?