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écoutant l’innocent bavardage de Marguerite, il jonglait avec les boucles soyeuses de ses cheveux, qu’il se plaisait à faire sauter dans sa main.

— Eh bien ! cher abbé, dit le marquis avec son aimable sourire, est-ce qu’il faut tant de précautions pour entrer chez ses amis ?

— Je vous croyais au travail et je craignais de vous déranger, répondit le jeune prêtre en faisant de grands efforts pour cacher son émotion.

— Il est neuf heures du soir, observa M. de Louvigny, et vous n’ignorez pas que c’est à partir de ce moment que je consens à perdre mon temps.

— C’est joli ce que vous dites-là, mon père ! s’écria Marguerite en quittant les genoux du marquis.

— J’ai dit une sottise ? demanda M. de Louvigny en remarquant la petite mine boudeuse que faisait Marguerite.

— Je vous en fais juge, monsieur l’abbé, dit Marguerite. Tenir sa fille dans ses bras, l’embrasser, l’écouter causer, est-ce là perdre son temps ?

— Expliquons-nous, Marguerite, reprit le marquis.