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je ferai volontiers le sacrifice de ma vie. Mais, au nom du ciel, sauvez les personnes qui habitent cette maison ! Elles me sont chères, et c’est une prière que je vous fais du fond du cœur ! Vous parliez de ma jeunesse ? Eh bien ! vous êtes aussi à cet âge généreux où le pardon est doux et le dévouement facile. Épargnez mes amis. Sauvez-les, et, s’il vous faut du sang enfin, prenez ma vie ! Je me livre à vous !

Barbare devint horriblement pâle.

La jalousie s’empara de tout son être, et un frisson lui glaça le cœur.

— Vous aimez donc bien ce vieillard et cette jeune fille ? dit-il d’une voix étranglée.

— De toute mon âme !

— Ah ! fit l’homme du peuple en jetant un regard étincelant sur celui qu’il regardait déjà comme un rival, vous les aimez ?

— Comme on aime son père et sa sœur.

— Pas autrement ? demanda encore le patriote.

Le proscrit parut surpris de cette question ; et, pour la première fois, il osa regarder en face l’homme du peuple qui ne put supporter, sans se troubler, ce coup d’œil pénétrant.

— Vous préparez votre réponse ? dit Barbare,