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Mais voilà que de riches voitures descendent la côte à grand bruit et viennent troubler sa rêverie. Élisabeth, qui tenait à rester avec ses pensées, referma la fenêtre. Elle plia soigneusement ses robes et grossit son paquet de tous les autres objets de toilette. Une rumeur extraordinaire partait d’en bas et montait jusqu’au toit ; mais la jeune fille n’eut pas un instant l’idée d’ouvrir la fenêtre. Elle prit une dernière fois de l’eau bénite sous le vieux crucifix, jeta un dernier regard autour d’elle et descendit lentement les marches de l’escalier.

Il faut renoncer à peindre sa surprise et son effroi, lorsqu’elle aperçut la foule qui remplissait la cour. Elle voulut revenir sur ses pas ; mais il n’était plus temps. Françoise, la servante qui s’était moquée d’elle si méchamment le matin, s’approcha d’elle et, feignant une compassion hypocrite :

— Vous avez l’air bien triste ? lui dit-elle. Cela ne convient guère dans un pareil jour !

La méchante fille avait eu soin d’élever la voix pour être entendue des personnes qui l’entouraient. Tous les regards se portèrent aussitôt sur la pauvre Élisabeth, qui, rougissant et pâlissant, subit dans ces courts instants le plus