Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

terrible émotion. Élisabeth resta quelques instants immobile, les yeux fixés sur la porte qui venait de se refermer. Puis elle éclata en sanglots.

— Mon Dieu ! dit-elle, est-ce que la punition ne dépasse pas la faute ?

Elle promena un regard désolé sur les murs de sa petite mansarde, dont chaque meuble était un souvenir. C’étaient le lit, où elle goûtait un si doux sommeil, le bénitier de faïence surmonté d’un Christ où elle puisait pieusement de l’eau bénite tous les matins à son réveil, la petite table sur laquelle elle lisait le dimanche, la chaise sur laquelle elle se berçait en pensant à son père infirme, à sa mère qui reposait sous le vieil if du cimetière, à ses amis d’enfance. Elle se sentait le cœur gros à l’idée de quitter ces vieilles connaissances qui l’avaient vue rêver, prier et pleurer ! Et cette admirable campagne que l’on apercevait de la fenêtre ! et ce bois sombre qui s’arrondissait à l’horizon comme une épaisse chevelure ! et le clocher d’Audrieu qui se détachait en noir sur le bleu du ciel ! Que de poésie, à l’heure des adieux, dans toutes ces choses qui lui paraissaient autrefois insignifiantes !…