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— Essuie-les à ton tablier, répondit le fermier plus mort que vif.

— Et mon bonnet que je porte depuis le commencement de la semaine ?

— Et mes souliers tout pleins de poussière ! répliqua le paysan.

— Et mon fichu déchiré ! continua la femme.

— Et mon gilet sans boutons ! répondit le mari.

— Je vous répète que vous êtes superbe comme cela, Jean ! s’écria maîtresse Gilles.

Aussitôt elle se fit, à coup de coudes, une trouée à travers les domestiques et disparut dans la maison.

Le roi n’était plus qu’à six pas de maître Gilles.

Le pauvre fermier se tordait les mains et la sueur lui roulait sur le visage. Il essaya d’appeler maîtresse Gilles, Élisabeth, Germain même qu’il savait absent. Mais la voix lui fit défaut. Comme le roi approchait toujours, comme la fuite était devenue impossible, le paysan ôta respectueusement son bonnet de laine et se plia en deux, n’osant ni se relever, ni détacher les yeux de l’extrémité de ses pieds qu’il trouvait encore plus laids et plus difformes que de coutume.