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Germain. Voyons… vous plaisantez, ma mère ?

— Je ne plaisante pas ; je ne veux pas garder une fille de mauvaise vie chez moi.

— Mais c’est moi qui ai fait tout le mal ! reprit le jeune homme.

— Et c’est à moi de le réparer, répondit la fermière.

— Tu as tort, ma femme, hasarda maître Gilles.

— Tais-toi, lui dit maîtresse Gilles ; cela ne te regarde pas.

— Comment ! mon père, vous souffrirez une pareille indignité ? dit Germain en voyant le fermier se préparer à la retraite.

— Petite pluie abat grand vent, lui répondit maître Gilles à voix basse ; dans moins d’une heure ta mère ne songera plus à renvoyer sa servante.

— Vous vous trompez, dit la fermière, car la chose est déjà faite. Élisabeth a reçu son congé. Elle ne dormira pas cette nuit sous mon toit.

— Ah ! ma mère, s’écria Germain en éclatant en sanglots ; il eût mieux valu ne pas me mettre au monde.