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— Germain a parlé ! se dit Élisabeth en retombant sur le banc de pierre, je suis perdue !

D’abondantes larmes s’échappèrent de ses yeux, et sa tête s’affaissa sur sa poitrine, comme une fleur qui plie sous le poids de la rosée.

— Ramassez votre argent, reprit durement la fermière en montrant les pièces de monnaie qui avaient roulé à terre.

Ces paroles rappelèrent Élisabeth au sentiment de sa position ; elle fit un violent effort sur elle-même et se leva.

— Merci ! répondit-elle en détournant la tête.

— Vous les dédaignez ?

— J’aime mieux vous avoir servie pour rien !

— Pour rien, dites-vous ? répliqua brutalement maîtresse Gilles ; et vous avez fait le malheur de mon fils !

Ces derniers mots firent tressaillir la jeune fille. Elle leva noblement la tête et obligea la fermière à baisser les yeux sous son regard.

— Maîtresse Gilles, dit-elle, apprenez que le malheur n’a frappé chez vous qu’une seule personne, et cette personne, c’est moi ! Si je ne respectais votre mari, si je ne… pardonnais à Germain, je ne partirais pas d’ici sans vous maudire… Vous comprendrez plus tard combien