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— Citoyen Barbare, répondit une voix énergique, si la République n’a pas le moyen de se payer des flambeaux, elle compte sur la bonne volonté des patriotes. Nos fils, qui sont à la frontière, n’ont pas de souliers pour marcher à l’ennemi ; nous n’avons pas le droit d’être difficiles, et nous saurons défendre les intérêts de la patrie avec les seules lumières de notre raison.

— Bien répondu ! dit la foule.

Le jeune homme tressaillit ; car il venait de reconnaître la voix de l’homme auquel il devait la vie. Il fendit les rangs serrés des auditeurs et s’approcha respectueusement du magistrat populaire.

— Citoyen président, dit-il, je n’ai pas eu l’intention d’offenser la majesté de la République. J’ai déjà versé mon sang pour elle et je suis prêt à lui donner une nouvelle preuve de mon dévouement. Je demande la parole.

— Je te l’accorde, répondit le président d’un ton bref.

D’un bond puissant, Barbare escalada la tribune, comme s’il eût monté à l’assaut. Du haut de ces misérables tréteaux, où l’éloquence populaire agitait tant de questions sérieuses ou plaisantes, grotesques ou sublimes, le jeune