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— Si ce garçon-là a du cœur, dit maître Gilles, il doit en faire sa femme.

— Et si son père s’y oppose ? demanda Germain.

— Il aurait tort, répondit le brave homme. Il pourrait bien, sans doute, gronder son fils ; mais il ne devrait pas causer, par son refus, la perte de la jeune fille.

— Eh bien, mon père, grondez-moi ! dit Germain en fondant en larmes et en tombant dans les bras du vieillard ; car le fils du fermier c’est moi, et la servante c’est Élisabeth.

Le brave homme serra son enfant contre son cœur avec une grosse émotion. Cette confidence renversait bien des projets ; mais les beaux rêves qu’il avait caressés s’évanouirent sans peine, sinon sans regrets, pour faire place aux sentiments d’honnêteté qui faisaient le fond de son caractère ; et le pardon s’échappa de ses lèvres avec le dernier baiser qu’il donna à son fils.

Cependant, maîtresse Gilles n’avait pas eu besoin d’attendre la fin de l’apologue pour en comprendre la moralité ; car les femmes, dans quelque milieu social que le sort les ait placées, surpassent de beaucoup les hommes en finesse,