Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

se passait dans la cour, eut la fâcheuse idée de venir se mêler au débat. A la vue de son mari, la fermière se rappela la discussion qu’elle avait eue avec lui, et sa mauvaise humeur prit des proportions telles qu’aucune puissance humaine n’eût été capable d’arrêter le débordement de paroles qui sortit de sa bouche.

— Bon ! voilà l’autre, maintenant ! s’écria-t-elle en lançant à son mari un regard furieux… Ne suis-je pas la plus malheureuse des femmes ! Mon fils et mon mari se donnent la main pour me tourmenter. Mais, au lieu de me faire mourir ainsi à petit feu, mettez-moi à la porte de chez nous !… Vous pourrez alors garder votre Élisabeth, puisque vous avez besoin de cette fille-là pour vivre… Oui, oui ! c’est une excellente créature ; elle n’est pas paresseuse, elle n’est pas malhonnête, elle ne vole pas ses maîtres, c’est la brebis du bon Dieu !… Allez donc l’embrasser, Germain ; épousez-la même, si bon vous semble ; et vous, maître Gilles, chassez-moi de la maison, j’irai mendier mon pain sur la grand’route… C’est moi qui suis la voleuse, c’est moi qui suis la fainéante !… Voyons, poussez-moi sur le chemin et tâchez de vous remuer un peu !