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— C’est-à-dire que je mens, reprit la fermière en se croisant les bras sur la poitrine. Tu ne rougis pas de prendre la défense de cette méchante fille ?… Vous êtes tous comme cela, du reste, et je suis bien sotte de m’en fâcher. Si j’avais dix-huit ans, comme Élisabeth, oh ! j’aurais toujours raison, et l’on serait aux petits soins pour moi. Mais je n’ai pas dix-huit ans, et j’ai tort, parbleu ! Je déraisonne, je perds la tête… C’est moi pourtant qui dirige ta maison, moi qui fais ta cuisine, moi qui reçois les voyageurs, moi qui soigne la laiterie, moi qui donne à manger à la volaille, qui écris les quittances ; car tu n’es propre à rien, toi ; tu n’as pas plus de tête qu’une linotte, plus d’énergie qu’une poule mouillée ! Tu as tellement peur d’une querelle que tu te laisserais marcher sur le pied, voler et jeter à la porte, plutôt que de montrer que tu es un homme !… Ah ! mademoiselle Élisabeth est le modèle des servantes ?… Écoute, voilà dix heures qui sonnent à l’horloge ; elle n’est pas encore revenue des champs, elle n’a pas encore fini de traire les vaches !… Oui, je te conseille de regarder par la fenêtre ; tu pourras y rester longtemps si tu tiens à la voir revenir…

— Pas si longtemps, dit le fermier en indiquant