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le bout du pied avec son bâton. Les vitres résonnèrent de nouveau et répétèrent en cœur :

— Boum ! boum ! boum !

— Ah ! tu trouves que je dis des bêtises ! reprit maître Gilles en se moquant de la fermière, que la dernière explosion avait fait sauter sur sa chaise. Crois-tu qu’on va s’amuser à tirer le canon à Caen pour faire peur aux moineaux qui mangent les cerises de notre jardin ?

— Es-tu sûr que ce soit le canon ?

— Parbleu !

— Je viens de regarder dans l’almanach, et ce n’est pas un jour de fête…

— Non, mais un jour de réjouissance, interrompit maître Gilles d’un air fin.

— Tu as bien de l’esprit aujourd’hui, répliqua la fermière ; il faut que tu sois allé au cabaret ?

— Je n’aurais guère eu le temps d’y aller, puisque me voilà déjà revenu de Bretteville.

— Qu’est-ce que tu as fait à Bretteville ?

— J’y ai appris pourquoi l’on tire le canon à Caen.

— Pourquoi ?

— Devine, toi qui as de l’esprit et qui sais lire dans l’almanach.