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— C’est votre croix ! dit-il, votre croix que je vous rapporte !

Deux fois il fit le même geste et poussa le même cri. Mais la maison ne sortit pas de son sommeil. Le jeune homme, après avoir caché la petite croix sur son cœur, reprit tristement le chemin de la ville.

Lorsqu’il entra dans le faubourg, on allumait déjà les réverbères, dont les lanternes huileuses se balançaient, avec un grincement sinistre, et faisaient, en quelque sorte, danser le jour et la nuit entre les noires façades des maisons. Les bruits de la fête avaient cessé. Tout était rentré dans le silence. On n’entendait guère que le pas sonore du promeneur attardé qui regagnait son foyer, ou le sourd grognement de l’ivrogne qui luttait avec une borne, dans un coin obscur. Tout ce qu’il y avait de paisible ou de craintif s’était prudemment renfermé derrière une porte bien close, et la vie politique ne battait plus qu’au cœur même de la cité, dans une des salles basses de l’ancien évêché. C’était là que se donnaient rendez-vous les plus purs et les plus ardents patriotes de la ville.

Barbare n’avait pas oublié la recommandation que lui avait faite le président de la société populaire. Pour