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chercher les légumes dans le jardin, c’est elle qui console et qui soigne son vieux père invalide ; car il s’est passé de grands événements depuis qu’Élisabeth est devenue jeune fille, et, comme les empires, les chaumières ont aussi leurs révolutions. La mère d’Élisabeth repose sous le vieil if du cimetière ; son père n’a plus la force de travailler ; c’est à elle de le nourrir. Mais, comme elle ne trouve pas de place dans le village, il faut s’expatrier. Aussi, par une belle matinée de juillet, voilà qu’Élisabeth sort de la pauvre maison en donnant le bras au vieillard. Ils se dirigent lentement vers une grande avenue où la foule afflue. C’est là que, de tous les environs, accourent les jeunes paysans qui vendent leur travail aux fermiers. Élisabeth se mêle au groupe des jeunes filles, et, comme ses compagnes, elle porte un bouquet à son corsage pour indiquer qu’elle veut entrer en condition ; il y a toujours des fleurs pour cacher les misères de la vie. Un beau jeune homme s’arrête devant elle, la considère un instant, puis s’adresse au vieillard et règle avec lui les conditions du marché. C’est le fils d’un riche fermier de Sainte-Croix ; son père l’a chargé de lui ramener une servante pour traire les vaches ; Élisabeth