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voilées sous leurs contrevents, comme l’œil sous la paupière.

Barbare éprouva un affreux serrement de cœur. Il eût donné sa vie, en cet instant, pour revoir ce frais visage, cette charmante apparition dont il était encore ébloui. Elle était là, pourtant, à deux pas de lui, derrière cette muraille !… Comme la mère qui rôde, le soir, devant la prison où gémit son enfant, et qui se demande si quelque barreau de fer ne lui livrera pas un passage, le jeune homme ne pouvait se décider à partir et s’en remettait au hasard, cette dernière consolation des désespérés ! Il attendit longtemps encore. Mais la patience l’abandonna. Se sentant jeune et fort, il se révolta à la pensée que quelques planches, à peine jointes, lui opposaient un obstacle. Il s’élança vers la porte, bien déterminé à l’ébranler sous un dernier effort. Mais il recula bientôt en rougissant.

— Qu’allais-je faire ? pensa-t-il. Ce seuil est inviolable ! Il n’y a là ni barreaux, ni soldats pour le défendre. Et je ne dois y entrer que par la volonté de celle que j’aime !

Alors il tira de son sein la petite croix, ornée de diamants, la baisa avec respect et, l’agitant au-dessus de sa tête :