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qui passe pour la plus mauvaise fille du pays. Je suis donc perdue ! je n’ai plus qu’à mourir, si, malgré mes précautions, je n’ai pu cacher… Mon Dieu ! mon Dieu ! que vais-je devenir ?

Comme elle pleurait, elle entendit le beuglement bien connu de ses vaches qui l’avaient aperçue, près de la barrière, et attendaient impatiemment qu’on vint les débarrasser de leur fardeau.

— Les pauvres bêtes ! ne croirait-on pas qu’elles m’appellent ? se dit Élisabeth.

Elle essuya ses larmes, ouvrit la barrière et entra dans l’herbage, suivie de Jacquot, qui ne se contenta pas de tondre du pré la largeur de sa langue. Les vaches quittèrent le bas de l’herbage pour venir à la rencontre de la jeune fille. Élisabeth vit une preuve d’attention dans cet empressement, qu’il était plus simple d’attribuer au besoin qu’elles ressentaient d’être délivrées du trop plein de leurs mamelles. Mais au cœur blessé tout est sujet de consolation, et ceux qui ont à se plaindre des hommes trouvent souvent un charme inconnu dans les soins qu’ils ont l’habitude de donner aux animaux. Dans les jours tranquilles, on ne songe guère à son chien que pour lui jeter, d’une façon peu polie, les