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— Bonjour, Élisabeth, dit cette fille.

— Bonjour, Françoise, répondit-elle. Vous m’avez fait bien peur.

— Je ne suis pourtant pas effrayante… quoique je n’aie pas un si bel amoureux que vous, reprit Françoise avec une nuance de jalousie. Au surplus, je ne m’en plains pas ; car, à ce jeu-là, on perd souvent sa tranquillité.

— Viens, Jacquot, dit Élisabeth en tirant l’âne par la bride.

— Vous êtes bien fière maintenant ! continua Françoise avec un méchant sourire. Vous avez l’air de fuir le monde et vous ne venez plus danser, le soir, sous les grands marronniers. Vous avez pourtant la taille plus fine que moi ; vous ne devriez pas avoir honte de la montrer.

Élisabeth détourna la tête, car elle se sentait horriblement rougir. Elle s’éloigna le plus vite possible, entraînant Jacquot qui ne comprenait rien à ce changement subit d’allure. Françoise la poursuivait encore de ses railleries. Élisabeth hâta le pas et, lorsqu’elle fut arrivée près de la barrière de l’herbage où reposaient ses vaches, elle se prit à pleurer amèrement.

— Mon Dieu, que je suis malheureuse ! dit-elle : me voilà forcée de rougir devant Françoise,