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— C’est ici qu’il faut nous séparer, dit-il tristement.

— Déjà ! s’écria Victor.

— Vous êtes fatigué ? dit Léon.

— Il m’est pénible de vous quitter, répondit M. Landry, car je commençais à vous aimer. Je me serais bientôt arrogé le droit de vous donner des conseils ; de vous dire, à vous, Léon, de combattre avec énergie votre malheureuse disposition au découragement ; à vous, Victor, de savoir mettre parfois un frein à votre imagination. Mais il ne faut pas y songer. Hélas ! mes amis, se rencontrer, sympathiser, s’estimer, se dire qu’on ne voudrait jamais se quitter et se quitter aussitôt, n’est-ce pas la vie ? Nous aurions le ciel sur la terre si les âmes qui sympathisent entre elles n’étaient jamais condamnées à se séparer. Encore ! ajouta M. Landry, en allongeant le bras dans la direction du cimetière de St-Léger, encore doit-on se croire heureux, lorsque la mort n’est pas la cause d’une cruelle séparation.

Les deux artistes n’insistèrent pas davantage pour retenir M. Landry.

Ils avaient compris qu’il avait dans le voisinage un souvenir douloureux.