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ez imposé pour mon mariage. J’attendrai !

Ce refus porta un coup funeste au vieux maître de l’œuvre. Ses facultés baissèrent rapidement, et cet homme orgueilleux devint la risée et le jouet des enfants du village. Marie seule avait le don de le distraire. Elle consentait à mettre ses robes de fête pour amuser le pauvre insensé.

Il y a certes plus de grandeur à supporter une telle existence qu’à monter sur le bûcher des persécutions ; et les martyrs, dont les religions ont le plus le droit de s’énorgueillir, sont peut-être ceux-là même qui ont le courage de vivre tout en ayant la mort dans l’âme.

A partir de la mort de son père, le temps que Marie ne consacra pas à visiter les malheureux, elle le passa à prier sur la tombe de François. Souvent, après l’accomplissement de ce pieux devoir, elle dirigeait ses pas vers le petit bois, voisin du village de Norrey, et s’asseyait sur le banc de gazon où nous l’avons vue recevoir le touchant aveu de la passion de François. Alors sa pensée se reportait vers ces temps de bonheur et d’espérance, et des larmes amères coulaient de ses yeux.

Tous, humbles ou puissants, n’avons-nous pas un lieu de prédilection, où promener nos regrets et exhaler notre douleur ?