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qu’elles sont bientôt suivies d’une tristesse mortelle. Le front de François s’inclina, chargé de langueur.

Et n’est-ce pas le propre des natures élevées d’associer au bonheur présent un pénible souvenir, de ne jamais goûter une joie, un plaisir sans y trouver d’amertume, de penser, en voyant l’enfant, à l’aïeul qui n’est plus !

— Que je suis heureux ! s’écria-t-il d’une voix émue… Si ma mère pouvait partager ma joie !

Marie suivit la direction des yeux de son amant. Elle aperçut alors deux petites croix de bois qui se penchaient l’une vers l’autre, comme pour se rejoindre, au-dessus de deux tertres couverts de gazon.

— Prions ! dit Marie en tombant à genoux ; Dieu pourrait nous punir d’avoir oublié les morts.

— Marie, s’écria tout à coup François, n’avez-vous pas entendu du bruit ?

— Je ne sais. Mais je ne puis m’empêcher de trembler. Il me semble que la nuit est glaciale. L’obscurité augmente de plus en plus… J’ai peur, François !

— Tranquillisez-vous ; je suis là pour vous