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dans la miséricorde de Dieu. Elle attendit avec résignation le retour de son père. Leur souper fut, comme on l’imagine, d’une tristesse mortelle. Pas un mot ne fut échangé entre le père et la fille. Marie retenait à peine ses sanglots.

Cependant la nuit commençait à remplir tout de son ombre, et l’heure du rendez-vous approchait. La jeune fille aurait cru commettre un sacrilége si elle n’eût pas tenté l’impossible pour aller donner des consolations à François. Elle sentait elle-même le besoin de pleurer avec lui. Son père sortait habituellement le soir. Elle surveillait donc avec une impatience fébrile les moindres mouvements du maître de l’œuvre.

Enfin il se leva de table plus tôt que de coutume, prit son manteau et descendit l’escalier avec précipitation.

Au bruit épouvantable que la porte fit en se refermant, Marie put juger du degré d’irritation de son père. Elle s’approcha de la fenêtre et le suivit des yeux aussi longtemps que l’obscurité le lui permit. Puis elle se demanda par quels moyens elle parviendrait à s’échapper de la maison. Ses mouvements indécis témoignaient du peu de succès de ses recherches. Soudain le feu de la résolution brilla dans son regard ; elle